Knock chatouille plus qu’il ne grattouille
Knock est sorti le 18 octobre. Ce film dépeint la vie d’un petit village qui voit débarquer un médecin noir. Cet homme ne recherche qu’une chose : l’argent. Mais une rencontre va transformer ses ambitions….
Années 1950, petit village de la Drôme, un nouveau visage, mais pas n’importe lequel, celui d’un homme qui va révolutionner la médecine. Knock, c’est l’histoire d’un bandit ayant fait amende honorable. Pour gagner légalement sa vie, il se lance dans la médecine. Ce parcours est le fruit du hasard. Une rencontre sur un quai dans un port va totalement changer sa vie. Il est embauché par un capitaine de navire. Celui-ci n’arrivait pas à trouver de médecin ni même d’infirmier pour parcourir les océans. La candidature de Knock est une aubaine. Il est réticent au départ mais voit très vite le potentiel de cet homme.
Omar Sy embarque, fait des merveilles et se passionne pour la médecine. Au retour de son voyage, il se dirige vers la faculté de médecine de Marseille et intègre officiellement cette profession. Nous le retrouvons après ses années d’études, il arrive dans le petit village de Saint-Maurice. Très vite il va être confronté au racisme, à la crainte des habitants. Il va jouer sur celle-ci pour trouver des pathologies chez tous, lui assurant à lui et au pharmacien de confortables revenus. On suit alors cet homme qui devient une référence pour tous les citoyens… à part le prêtre. Il soigne, il soigne. Il gagne de l’argent facilement grâce à une population aisée. Se remplir les poches est son ambition après des années de galère mais l’amour va tout remettre en question et révéler le vrai visage de Knock…
Le film de Lorraine Lévy fait ressentir au spectateur tous les types d’émotions. Bien sûr quand Omar Sy est à l’affiche, il faut toujours un peu d’humour. On rit quelques fois mais le mot qui pourrait le mieux symboliser Knock, c’est celui de touchant. La réalisatrice arrive à mélanger à merveille la tristesse et la joie. Les moments forts en émotions ne sont jamais larmoyants. Le pathos est absent de ce film. Une forme d’empathie se crée lorsque le spectateur est face aux personnages.
La réussite de ce déplacement entre les registres repose beaucoup sur les épaules d’Omar Sy. Il nous a habitués à des films humoristiques. Dans Knock, il montre un tout autre visage. Sa bonhomie et son sourire sont toujours là mais une force particulière se dégage du personnage. Il nous emporte avec lui dans son histoire. Un moment particulier est à retenir, un instant qui fait hérisser les poils, c’est son discours contre les préjugés des habitants, les critiques injustifiées à son égard. Là il déploie toute sa puissance, tout son talent. Son discours, son plaidoyer fait entrer l’acteur dans une autre dimension. Il démontre que tous les costumes lui vont bien. C’est un acteur complet, capable de jouer tous les rôles au cinéma.
Rien que dans ce film il démontre cette faculté. Il campe à la fois le personnage d’ancien criminel, de manipulateur et de séducteur mais aussi d’homme avec un cœur, qui devient attachant. Un rôle ; plusieurs facettes. Ce personnage nous accroche et permet d’être tout le temps dans un état d’attraction. On ne s’ennuie jamais.
Le charme de ce film repose aussi sur la manière dont sont filmés les plans. Grâce à Lorraine Lévy on peut se rendre compte de la beauté des paysages. Des collines, des plaines à perte de vue pendant de longues secondes sans que l’effet « documentaire » fasse son apparition. Outre ces paysages, la réalisatrice arrive bien à retranscrire à l’image l’atmosphère des lieux emblématiques du village. On n’est pas dans du carton-pâte, on est dans le vrai, le tangible. On est vraiment dans les années 50.
Knock fait entrer le spectateur dans les clichés et le racisme ordinaire des années 50. Une partie de la population n’arrive pas à imaginer qu’une personne noire puisse les soigner. Ces préjugés existent encore un peu aujourd’hui. Ce film démontre qu’il faut se battre pour que la confiance s’installe. Ce n’est pas un travail simple en fonction des interlocuteurs et en fonction de l’ancrage des préjugés dans les esprits.
Cette situation peut encore être visible aujourd’hui dans certaines villes, certains villages. L’arrivée d’un étranger interroge, crée le doute et parfois la peur. Ce film reflète la société d’après-guerre mais aussi notre vie actuellement. Knock montre qu’il est possible de changer les regards et permettre à tout nouvel arrivant d’être inclus dans la société. Ce film porte un regard en coin sur ce problème. Il ne se veut en rien moraliste mais crée cet aller-retour entre notre vie actuelle et un passé encore proche. Il éclaire sur la difficulté de l’étranger à trouver sa place dans la société.
Knock est un rayon de soleil. Ce film propose au spectateur un voyage dans les années 50 qui n’est en rien caricatural. Le superflu est absent. Les paysages, le jeu des acteurs, il n’y a rien à redire. Une chose à faire, aller le voir !!!
Pour une petite idée, c'est juste en-dessous !
Comments