La Chine brille au festival off*
Hymne à la disparition, L’Amour : La Chine Étincelante s’invite au festival off. Avec dix spectacles proposés dans deux théâtres différents, l’objectif est de faire découvrir la culture et le théâtre chinois en France.
La Chine Étincelante a pris ses quartiers au Laurette Théâtre et au Théâtre de l’Étincelle. Les prestations proposées par les compagnies chinoises cassent les codes du théâtre et bouleversent nos habitudes. Ces habitudes, se sont la comédie, la tragédie, le théâtre contemporain, la danse ou encore les marionnettes. Ce qui est proposé par ce grand programme est un théâtre corporel. Les acteurs sur scène essaient de nous raconter une histoire sans mots, uniquement avec des mimiques, des gestes et des cris.
Cette forme de théâtre étonne et questionne notre propre vision du théâtre. En mêlant à la fois tradition chinoise et modernité, les compagnies présentes à Avignon et en particulier au Théâtre de l’Étincelle, tentent de faire changer le regard du spectateur sur l’Empire du milieu. L’objectif est de sortir du stéréotype.
Mais pour comprendre ces spectacles, il est préférable de bien étudier le sujet abordé avant de venir voir la pièce. Sans paroles, les comédiens ou danseurs nous proposent de voyager dans leur univers. Par leurs prestations, ils donnent au spectateur l’occasion de développer leur imagination. Le jeu ne cherche en aucun cas à nous transmettre directement une pensée, une représentation de la Chine. C’est à chaque personne dans le public de construire sa représentation de ce pays et de décrypter et même décoder les éléments que nous proposent les acteurs sur scène. Rien n’est transmis de manière unique, tout s’interprète différemment selon les personnalités de chacun.
Huit pièces de La Chine Étincelante étaient présentées au Théâtre de l’Étincelle cette année. Deux d’entre elles étaient Hymne à la disparition et L’Amour. Celles-ci s’inscrivent dans la même dynamique : casser les stéréotypes du théâtre et les idées reçues sur la Chine. La première est construite autour d’un jeu traditionnel chinois. Le perdant du jeu doit jouer une scène devant tous les autres comédiens. Cette épreuve est perçue comme une punition. Le perdant doit porter un masque qui le différencie des autres membres du groupe. Cette pièce met en scène des poèmes grâce au jeu des corps. Ceux-ci permettent de mettre en lumière des éléments difficiles à exprimer avec les mots.
La deuxième pièce, Amour, nous parle d’une rencontre entre deux personnes. Une rencontre qui va se transformer en une réelle histoire d’amour. C’est l’histoire de deux personnes qui perdent pied, qui ne se reconnaissent plus. Leurs souvenirs, leur amour, ils ne s’en rappellent pas. Entourés d’un monde en perpétuel mouvement, agité, ils essaient de se retrouver et par accident, ils se reconnaissent enfin. Cette pièce touche un sujet sensible, une maladie que beaucoup de familles rencontrent : la maladie d’Alzheimer.
Que ça soit dans la première comme dans la seconde pièce, les mises en scène proposées par les compagnies chinoises sont très imagées. Leur force est d’arriver à construire un spectacle en utilisant des éléments simples mais qui évoquent pour tous un moment de vie, une action, une représentation. Les objets sont utilisés en fonction de leur premier degré, leur signification brute. Ces décors simples permettent d’alléger des histoires parfois assez complexes et difficiles à comprendre pour un spectateur non averti.
La puissance du jeu des acteurs chinois est leur capacité à transformer leur visage afin d’évoquer une émotion. Les visages sont essentiels dans les pièces. Ils ont à la fois une dimension comique mais aussi très poétique. Accompagnées d’acrobaties et de danses, les prestations proposées par ces compagnies dans le cadre du programme La Chine Étincelante ont une force émotionnelle très importante. Malgré quelques passages pouvant nous paraître à nous, occidentaux, exagérés, ces pièces sont pleines de poésie. Il faut arriver à entrer dans l’univers des comédiens pour ne pas être perdu et déçu.
La Chine Étincelante offre la possibilité de changer son regard sur le théâtre chinois. A tester si vous en avez la possibilité.
*Article publié le 29 juillet 2017 sur le site Radio Campus Avignon
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