Les proies : jeu de manipulation au pensionnat
Sorti en salles le 23 août, Les Proies, réalisé par Sofia Coppola invite le spectateur dans un huis clos où se mêlent amour, amitié et manipulation…
Prix de la mise en scène au dernier Festival de Cannes, le film Les Proies plonge le spectateur dans les tourments de la guerre de Sécession. Cette adaptation du roman de Thomas P. Cullinan avec à l’affiche Colin Farrell, Nicole Kidman, Kristen Dunst ou encore Elle Fanning nous propose un regard différent sur cette guerre. Sofia Coppola a fait le choix de nous dépeindre la vie telle qu’elle se faisait à l’arrière, en dehors des champs de bataille.
L’intrigue tourne principalement autour d’un personnage, le caporal McBurney, joué par Colin Farrell. Cet homme est retrouvé dans une forêt, proche d’un pensionnat de jeunes filles dirigé par Nicole Kidman. A la recherche de champignons pour le repas, une des jeunes filles retrouve cet homme, adossé à un arbre, criblé de balles. Candide et voulant aider ce soldat nordiste, elle fait le choix de le ramener dans le pensionnat sans se douter qu’elle fait alors entrer le loup dans la bergerie… S’ensuit après un jeu de dupe entre les pensionnaires et le soldat blessé. Chacun devient alors la proie de l’autre. Qui gagne ? Qui sera le plus malin à ce jeu ?
Ces questions sont soulevées par la réalisatrice dans un film à l’atmosphère pesante. Pendant une heure et demi, Sofia Coppola fait hésiter le spectateur entre plusieurs sentiments très opposés allant de la compassion pour cet homme en souffrance, loin de chez lui, en manque de compagnie à un sentiment amère de manipulation de tous les côtés. L’amitié sincère ne l’est pas vraiment. L’amour entre une pensionnaire et ce soldat se transforme en une immense trahison et une machination ayant pour but de se cacher pour ne pas retourner au combat.
Les actrices et l’acteur, formant un casting de haut standing, portent le film par un jeu très particulier. La prestation qui ressort le plus est celle de Kristen Dunst. L’actrice au palmarès cinématographique assez fourni (Midnight Special, Fargo) représente bien l’image d’une femme qui n’a que très peu connu l’amour, qui retrouve en McBurney l’amant de ses rêves. Cette femme ne semble avoir connu que ce pensionnat, isolée du monde. Son esprit porte en lui une vengeance et une envie de sortir de sa condition de femme enfermée dans ce pensionnat. Nicole Kidman quant à elle reflète bien l'image qu'on peut se faire d'une directrice de pensionnat dans les années 60. Derrière un masque sérieux, sans aucune possibilité de négocier, se cache une femme blessée au plus profond d'elle. Elle se raccroche au personnage joué par Colin Farrell pour échapper à son monde strict. Ce soldat est une sorte de soleil dans sa vie morose.
Impossible de dire si ce film est un reflet de la réalité du 18e siècle. La réalisatrice arrive à nous faire entrer dans ce milieu sombre de la guerre par un rythme assez lent et une texture d’image très particulière. Ce style qui lui est très particulier, elle l’obtient par un film tourné avec une pellicule 35 millimètres. Grâce à cette technique, le spectateur est plongé dans un univers vaporeux, un monde dans lequel la vérité cache toujours un élément de mensonge. Dans ce film, le huis clos est maîtrisé à merveille. Les scènes de repas dans ce pensionnat très strict renforcent sa dimension dramatique en nous révélant une tension permanente entre les filles malgré la bonne entente de façade.
Ce film sorti le 23 août n’est peut-être pas le meilleur film de l’année, mais arrive tout de même à transporter le spectateur dans les difficiles conditions de vie de la population au début du conflit opposant les Yankees du Nord des Etats-Unis aux Sudistes. Ce film alterne moments assez longs de tension et des instants de douceur, de réelle cohésion et d’amour. Les Proies est un film intéressant, à la mise en scène très travaillée qu’il faut aller voir pour se faire une vraie idée.
Pour la bande annonce, c'est ici...
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