Mon Olympe ou un hymne à l’engagement*
Ne pas s’endormir et recréer le féminisme, c’est la mission que se sont données Jeanne, Simone, Lucie, Marie et Louise dans Mon Olympe, tous les jours au Théâtre des Corps Saints à 22h20.
Adeptes ou non du féminisme, Mon Olympe pourra totalement vous ravir. Tous les jours, au Théâtre des Corps Saints, cinq jeunes femmes sont sur scène pour défendre la cause des femmes et remettre en question certaines pratiques féministes. Les préjugés vis-à-vis des femmes engagées dans une forme de combat pour montrer qu’elles ne doivent pas être perçues comme inférieures aux hommes sont mis au tapis.
Pendant toute la représentation, le spectateur se trouve plongé dans un groupe d’amies. Celles-ci se retrouvent toutes les semaines, dans un parc afin d’échanger, de développer une réflexion commune sur ce qu’est le féminisme et ce qu’il devrait être. Mais un événement va tout bouleverser : l’annonce faite par une des fondatrices, Jeanne, que le groupe est invité à participer à une émission spéciale diffusée durant la journée du droit des femmes. A partir de ce moment, plus rien ne sera pareil. L’enthousiasme de certaines va briser la forme d’unité qui faisait ce groupe. La préparation de l’émission va permettre aussi de s’interroger sur le militantisme féministe ainsi que sur les différents préjugés autour de cette question.
Ce spectacle n’est en rien une caricature de la lutte féministe, loin de là. Il essaie d’ouvrir les yeux du public sur cette cause. Des questions centrales sont exposées sur scène comme la critique d’une journée spéciale pour les femmes qui semble amplifier l’inégalité homme/femme ou encore la question de la place de l’homme dans le féminisme. Un homme peut-il être féministe ? La mise en scène permet de voir une évolution des pensées. Ces cinq jeunes femmes qui étaient à l’origine totalement fermées à cette idée s’ouvrent et pensent possible une lutte avec le soutien des hommes.
Cette pièce, c’est aussi l’occasion de montrer qu’il est parfois difficile de se réclamer féministe. Et c’est dans un accouchement difficile que Marie acceptera de reconnaître qu’elle est féministe. Cette affirmation de son engagement se fait avec l’aide de ses amies. Cette image du collectif est essentielle pour défendre cette cause. Le message de la pièce affirme que seul, aucune lutte n’est possible. Le groupe est essentiel pour que les choses avancent.
Mon Olympe, c’est une pièce à la fois très violente mais aussi écrite avec une certaine douceur. Le combat est au cœur de la mise en scène. Une des premières parties est construite comme un ring de boxe sur lequel sont en lutte des idées féministes et des critiques parfois très crues de ce combat. Le combat physique est l’expression d’une lutte idéologique. Mon Olympe c’est aussi des moments poignants quand des thèmes comme l’avortement ou encore la violence conjugale sont dénoncés. Ces moments de la pièce sont incarnés par de longs monologues qui ne sont pas militants mais qui essaient seulement d’éveiller l’attention du public sur des questions essentielles dans la vie des femmes. Pendant une heure, l’intensité passe aussi par une relation amoureuse entre deux femmes. Cette relation peut se briser à tout moment par peur de l’exprimer. Les paroles échangées entre les deux révèlent à chacun de nous que la vie et surtout l’amour est un engagement. Sans celui-ci, rien ne peut se créer, aucun projet ne peut se développer et prendre son envol.
On peut ne pas être d’accord avec les idées portées par les comédiennes dans la pièce. Reste que cette pièce est écrite avec les mots justes. La mise en scène, alternant moments de débat, de danse et de poésie donne à réfléchir sur nos agissements à tous ainsi que sur nos idées préconstruites de la place des femmes et du féminisme dans notre société. Texte et mise en scène ne tombent jamais dans la caricature, l’excès. Le jeu est juste.
Cette pièce est le résultat de longs moments d’échange. Les comédiennes se sont imprégnées de leur rôle. Elles vivent la pièce. Mon Olympe est une pièce pleine de surprises. Le rire évite de tomber dans le pathos ou dans la compassion. Un beau travail qu’il ne faut rater sous aucun prétexte.
Mon Olympe, c’est tous les soirs à 22h20 au Théâtre des Corps Saints.
*Article publié le 24 juillet 2017 sur Radio Campus Avignon
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