Scraramuccia, la pièce qui fait mouche*
Tous les jours dans la Cour du Barouf, les élèves de l’Académie Internationale Des Arts du Spectacle proposent de revisiter la commedia dell’arte avec la pièce Scaramuccia.
Cette année encore, s’inscrivant dans la tradition, l’Académie Internationale Des Arts du Spectacle (AIDAS) se confronte à de grands classiques du théâtre. La cour du Barouf voit se succéder du Molière, du Shakespeare ainsi que des comédies venues tout droit d’Italie. Une d’entre elles, venue tout droit d’Italie est la pièce Scaramuccia. Carlo Boso s’est confronté à un genre, souvent mis en scène : la commedia dell’arte.
Ce type de pièce, dénonçant les mœurs du XVIe siècle est très en vogue et très apprécié du public. Le metteur en scène a décidé de le mettre à la sauce d’aujourd’hui et c’est un vrai succès. Scaramuccia raconte l’histoire d’un soldat revenant de bataille. Dans son village plusieurs protagonistes se battent pour obtenir la main soit d’Isabelle, soit de Lucrezia. Scaramuccia, un peu défenseur des causes perdues va tout faire pour que le mariage entre le juge Justin et Isabelle ne se fasse pas mais aussi pour que d’autres couples s’unissent. Cette pièce pleine de rebondissements éclaire sur la corruption dans la justice et les mécanismes mis en place par certains pour s’enrichir.
L’adaptation réalisée par Carlo Boso est, comme à son habitude, une vraie réussite. Il ne change pas de la tradition en mêlant à la fois la vraie histoire de Scaramouche et des éléments qui ont fait l’actualité ces derniers mois. Cette mise en scène, paraissant simple au premier abord est réglée au millimètre. Ce mélange des genres est réalisé à merveille, faisant jaillir tout au long de la pièce les rires du public.
L’humour est partout dans la pièce. Il repose sur plusieurs comiques de la comédie classique comme le comique de situation, de mot mais aussi de caractère. Ce dernier est incarné la plupart du temps dans la pièce par le serviteur Pedrolino qui ne peut s’empêcher de répéter les paroles d’autres personnages et de jouer le niais. Le juge lui aussi porte ce type de comique par un cri d’oiseau à la fin de chaque passage sur scène.
Cette scène est à la fois un espace d’humour mais aussi de grande tension et d’action. Les combats font rage dans le petit village dans lequel se déroule l’action. Celle-ci est bien souvent détournée grâce à une dérision totale.
Les comédiens, élèves de l’AIDAS jouent à merveille cette pièce. Malgré quelques accrocs dans le texte, ils arrivent parfaitement à incarner les personnages. Ce sont de vrais professionnels malgré le fait qu’ils soient encore en étude. Les masques, confectionnés par des artistes sous la direction de Stefano Perocco Di Meduna renforcent le pouvoir comique du jeu des acteurs.
La prestation proposée dans la Cour du Barouf est d’une très grande qualité. Les comédiens se démènent pour rendre à cette pièce, issue de la commedia dell’arte tout son charme et sa dimension comique.
Le travail fait dans cet espace du festival Off est remarquable. Les comédiens jouent au moins deux pièces chacun. Le rythme est très soutenu. Ils essaient de faire partager au mieux leur passion du théâtre et de la comédie, et ça marche. Le travail abattu pendant ce festival est exemplaire.
Il faut les soutenir en allant voir leurs pièces à la Cour du Barouf. Vous ne serez pas déçus par les prestations proposées. Le lieu qui accueille les spectacles est parfait pour les spectacles joués. A l’ombre du platane, les pièces ne prennent que plus de valeur. Dans un décor très simple mais avec beaucoup d’astuces, Scaramuccia vous fera passer un très très bon moment. Si vous voulez rire pendant plus d’une heure, cette pièce est faite pour vous.
Scaramuccia à la Cour du Barouf est présentée tous les jours à 14h. Ne pas y aller serait une grande erreur.
*Article publié le 27 juillet 2017 sur le site Radio Campus Avignon
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